Clubhouse, fausse bonne idée ?
Depuis quelques semaines, l’application de réseau social nommée Clubhouse fait furieusement parler d’elle. Mais de quoi s’agit s’il ? Comment peut-on l’utiliser ? Et quelles sont ces limites ?
Zooom !
Prenons une solution de visio quelconque, allez disons Zoom, et retirons-lui sa fonctionnalité vidéo. Ainsi lors d’une conférence tout le monde pourrait échanger mais sans se voir.
Shazam, et voilà Clubhouse !
L’application de réseau social, mais uniquement vocale donc, a été conçu aux États-Unis, en Californie plus précisément, par Paul Davison et Rohan Seth, deux entrepreneurs américains bien connus de la Silicon Valley.
Comment peut-on utiliser Clubhouse ?
Quelles sont les raisons de son succès ?
Nous arrivons ici aux raisons du succès de cette application. Jouant sur l’effet de rareté, il n’est pas possible (pour l’instant en tout cas) à tout le monde d’utiliser Clubhouse. Pour cela, vous devez recevoir une invitation de la part d’un utilisateur. Chaque utilisateur bénéficiant uniquement de deux invitations.
C’est une fois reçue l’invitation, via SMS, que vous aurez la « chance » de pouvoir vous inscrire et ainsi pouvoir participer à une conférence audio.
Vous trouvez cela restrictif ? Toujours à date, l’application n’est pour l’instant disponible que pour les possesseurs d’iPhone. Et l’application étant d’origine américaine, une très grande majorité d’utilisateurs sont anglophones. Ce qui veut dire que si vous ne maîtrisez pas la langue de Shakespeare, vous devrez encore patienter un peu afin de pouvoir profiter d’un large choix de sujets dans les audioconférences proposées.
Il existe bien-sûr déjà des conférences vocales dans la langue de Molière mais dans un choix limité. Pour l’instant, la grande majorité des early-adopters étant des entrepreneurs, journalistes et profils de la tech, je vous laisse deviner quelle sera la tendance majoritaire au sein des sujets de rooms.
Concernant ces discussions, ou « room », il faut se représenter la chose comme un podcast interactif. Vous pouvez vous-même créer vos propres rooms. Donc lors d’un room, en théorie, tout le monde peut intervenir. En théorie.
Pour organiser moi-même des réunions de groupe, je peux vous dire qu’au-delà de 5 personnes, si tout le monde devait s’amuser à intervenir, la plus grande cacophonie régnerait.
Il est réel : en ce début d’année 2021, Clubhouse revendique 2 à 3 millions d’utilisateurs d’actifs hebdomadaires. Pas mal, pour un budget de zéro euro en matière de dépense marketing.
Quant aux raisons, je les ai dévoilés en partie plus haut : un formidable bouche-à-oreille ajouté à des puissants relais d’opinions. Quels sont-ils ? On y trouve un certain nombre de célébrités. Elon Musk (PDG de Space X et Directeur Général de la société Tesla), Mark Zuckerberg (co-fondateur de Facebook) et Xavier Niel (fondateur et actionnaire principal de l’opérateur Free) ont pu être vu, pardon entendu, au sein de discussions.
Bref, un excellent coup marketing jouant sur les biais psychologiques de la rareté et de l’effet de communauté. À pointer aussi l’effet du syndrome FOMO, de l’anglais : Fear Of Missing Out (peur de rater quelque chose en français). Ceci dans la mesure où les conférences audio ne bénéficient pas de «replay».
Car techniquement parlant, si vous vous désespérez de ne pouvoir converser avec des gens sans les voir, sachez que cela existe depuis l’invention du téléphone.
Plus sérieusement des applications comme Discord permettent déjà de converser via des Room uniquement en audio. Initialement destinée aux gamers, cette application s’est, au fil du temps, rendu accessible à un plus large public.
Pour positiver, disons que l’authentification se nécessitant le numéro de téléphone, le filtre à «trolls» aurait tendance à être plus efficace que celui requérant une adresse email.
Alors de mon point de vue, elles sont nombreuses. Il a été reproché à Facebook la création de profil de personnes alors que ces personnes n’étaient même pas présentes sur le réseau social. Pour cela, en permettant l’identification de l’ensemble des individus présents sur une photo mise en ligne sur le réseau. Qu’ils soient utilisateurs ou pas. Et ce n’est pas fini. Photo ou pas, il peut arriver que l’on parle de vous sur Facebook et que ce flux tout naturellement soit capté. C’est ainsi qu’au fil des années le réseau social peut posséder des données même sur les non-utilisateurs.
Ici, Clubhouse, en aspirant l’ensemble des contacts de chaque utilisateur, procède un peu de la même. Si un proche à vous est utilisateur de l’application, vous possédez alors très probablement déjà un profil sur l’application si ce dernier a accepté que l’app accède à ses contacts.
De plus, il apparaît que l’infrastructure utilisée par Clubhouse, ici Agora (start-up sino-américaine), n’assurerait pas une complète sécurité des données transitées. Dit autrement : un tiers peut savoir, par-exemple, si deux utilisateurs sont en train de se parler ou quel salon ces derniers rejoignent.
Les audioconférences sont en « live » mais restent enregistrées et stockées par la firme américaine. Cette dernière indique que les enregistrements restent disponibles en cas d’enquêtes de sécurité (menaces terroristes, discours incitant à la haine, etc.).
Si aucun problème de confiance ou de sécurité n’est rapporté alors les données vocales sont supprimées. Cependant, la politique de confidentialité ne spécifie pas la durée de stockage. Parle t-on de minutes ou d’années ? Et qu’en est-il de la politique en vigueur chez Agora ?
Source : https://cyber.fsi.stanford.edu/io/news/clubhouse-china
Note : depuis le 08 février 2021, l’application a été bannie de Chine. Oui, faute de contrôle suffisamment fort sur ces discussions en live, l’empire du soleil levant aura préféré prendre les devants. Le gouvernement chinois étant coutumiers du fait en matière de restrictions de liberté d’expression.
De nombreuses questions demeurent.
À titre personnel, il m'apparaît certain que les fondateurs vont devoir opérer au minimum quelques ajustements :
Ouverture de la plateforme à un plus grand nombre.
Être plus clair (et plus rassurant) sur sa politique de confidentialité. Les réactions de défiance commencent à naître. Par-exemple, la fédération des organisations allemandes de consommateurs a menacé la start-up quant à l’absence d’un référent RGPD au sein de l’entreprise.
Trouver une solution efficace sur la modération des contenus.
Peut-être un système pour «noter» les conférenciers
À l’heure d’écriture de cet article, la start-up californienne envisagerait de proposer un abonnement ou des dons pour permettre une rémunération des créateurs. Un peu à l’instar de la plateforme de culture Panodyssey.
Amis sous Android, d’un point de vue strictement personnel, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de s’équiper d’un iPhone pour utiliser Clubhouse. Ce n’est pas grave de patienter et de voir l’évolution de l’application et notamment celle liée à sa politique de confidentialité.
Si vous êtes déjà utilisateur :
Faîtes attention à vos propos et à votre comportement. Ne vous faîtes pas avoir comme ce politique Allemand . Vous restez sur un espace public et non au sein d’une discussion privée. Pour imaginer : considérer cette application exactement comme Linkedin.
Allez-y surtout pour réseauter et agrandir votre carnet d’adresses. Comme nous l’avons vu, nous sommes au début de l’application et comme je l’ai vu il y a une dizaine d’années auparavant via Twitter, les influenceurs et célébrités sont accessibles. Ceci du fait du nombre encore réduit d’utilisateurs.
Commencez tout de suite à construire votre communauté. Et positionnez-vous tout de suite comme, au moins, conférencier. En plus de votre carte d’expert, vous acquerrez celle de précurseur. Toujours bon à prendre 😉.
Si vous souhaitez préparer un évènement, justement une conférence, cet article dédié pour vous y aider : Comment réussir son webinaireIl existe maintenant un «média» pour parler de ce «média vocal». Bons plans, astuces, hacks, vous pourrez trouver tout cela sur : Secret-ch (https://www.secret-ch.com)
Mise à jour au 01 juin 2021 : l’application est à ce jour compatible Android 😎😁. Et, curieux, je découvre que c’est aussi un formidable outil de réseautage. Pour savoir plus : “6 conseils pour réseauter au mieux sur Clubhouse”.
Pour revenir au début de l’article traitant de Clubhouse.
Si vous avez besoin de trouver de réseauter tout développant votre activité, rien ne vous empêche de tester en parallèle la formule des réseaux d’affaires.